mardi 2 octobre 2012

Les films français et le rêve américain : l'exemple de The Artist



 On aura remarqué qu'à différentes époques, la France a su imposer son style auprès du public américain. Les films connaissant un tel succès appartiennent souvent aux même genres; film d'action à la sauce américaine (The Transporter, The Kiss of the dragon, Taken), les films ou documentaires animaliers (L'Ours, La marche de l'Empereur) ou bien des cartes postales de la France, tel qu'Amélie Poulain ou La Môme.

J'ai voulu ici m’intéresser de près aux raisons du succès de ces films qui connaissent un succès plus ou moins important dans l'hexagone mais qui déchaîne les passions aux Etats-Unis avec l'exemple de The Artist.

Oscar du meilleur film, oscar du meilleur réalisateur, oscar du meilleur acteur, golden globe de la meilleure comédie, BAFTA du meilleur film et du meilleur réalisateur,... La liste est longue des récompenses décrochées par The Artist. Et pourtant! On ne peut pas dire que le succès en France soit aussi important.
Avec ses 1.5M de spectateurs en salles, le film de Michel Hazanavicius n'a rien d'un échec commercial mais ce n'est pas non plus le succès de l'année comme l'on pourrait croire au vu de ses nombreuses récompenses.
A la suite du succès international du film, il a connu une ressortie en France, histoire de surfer sur le buzz mondial, afin glaner quelques entrées supplémentaires. Warner Bros France a utilisé sa puissance de frappe pour distribuer le film sur plus de 300 écrans pour sa seconde sortie. 
La distribution, elle, a été différente de sa première sortie puisque le film utilise une nouvelle affiche en mettant en avant les nombreuses récompenses, et bénéficie d'une couverture médiatique plus vaste que lors de sa première sortie. Et malgré tout cela, le film atteint à peine les 2M d'entrées en France. Les spectateurs sont alors emportés par la vague des Intouchables.



Dans la presse aussi le traitement a été plutôt différent. Selon moi, on comprend mieux cette différence de succès à la lecture de ce qui a été écrit sur le film de part et d'autre de l'Atlantique. En France, les critiques sont unanimes et saluent le travail d'Hazanavicius et l'audace de Thomas Langman de proposer un film muet et noir et blanc à l'heure des block-buster en 3D, de la motion capture,... Mais sur le contenu du film, les critiques français ne s'aventurent pas tellement a commenter les aventures de cet acteur de film muet dans le Hoolywood des années 20. Certains sont même lassés de revoir une énième fois les grimaces de Jean Dujardin que l'on connaît ici depuis une bonne dizaine d'années. Aux Etats-Unis en revanche, les critiques parlent davantage du sublime hommage aux film muets, un film qui allie modernité et style ancien. Ils notent aussi la mise en scène et la lumière qui replonge pleinement le spectateur dans l'ambiance des films des années 1920.

C'est à la lecture des articles que l'on comprend que le public américain et le public français n'ont pas les mêmes critères. L'Amérique apprécie The Artist car il évoque une époque Hollywood, une façon de faire du cinéma qui a été inventée en Amérique. C'est un hommage à une partie de la culture de l'entertainment. Hazanavicius recrée l'univers des années 20 et le spectateur américain se laisse totalement emporté. En France, le spectateur apprécie les films traitant d'une situation qui leur semble familière. Ici, on s'attache plus à retrouver dans les films un contexte (familial, économique, social) que l'on connaît. 
Il suffit de voir les derniers grands succès Français (Les petits Mouchoirs, les Ch'tis, Intouchables) pour constater qu'il n'est pas nécessaire de voyager très loin pour transporter le spectateur Français.

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