jeudi 11 octobre 2012

Le Cinéma français, l'alibi de Canal+


Je voulais aborder un sujet qui m’intéresse particulièrement. On sait combien Canal+ a une place majeure dans la production cinématographique française. Ce système unique propre à la France qui permet de financer et de diffuser tous les ans des centaines de films. Un système inébranlable et incontesté depuis longtemps. Mais ce n'est pas ce que pense Bertrand Meheut, le président de Canal+. Il a publié une tribune dans Le Monde qui a déclenché de nombreuses réactions dans lequel il a voulu alerter les pouvoirs public sur la menace que représente Google et le Qatar dans la production française.
Tactique commerciale ou vrai danger? Chacun se fera son opinion, mais je vous propose d'entrer plus en détails dans ce débat.
Le PDG de la chaîne cryptée explique dans un premier temps que la bonne santé économique de sa chaîne est "la clé de voûte d'un système vertueux de financement de la création cinématographique". Avec 60 000 millions d'euros d'investissement dans le secteur, il est fier de permettre chaque année à plusieurs centaine de film de voir le jour. Il s'inquiète ensuite de la concurrence sur le marché Français de Google et Apple qui comptent développer une offre très vaste. En placeant leur filiale européenne en Irlande ou au Luxembourg pour bénéficier de nombreux avantages fiscaux ils peuvent utiliser leurs moyens financier et bouleverser l'offre de contenu dans les prochaines années.
Bertrand Méheut souligne enfin que Youtube compte lancer une vingtaine de chaînes de télévision.
Cet argument n'est pas nouveau, et la concurrence n'est pas interdite. Elle peut même être favorable pour le client, avec une innovation sur les contenus, et une diminution des prix pour conserver ses parts de marché. Mais le PDG de Canal+ semble oublier cela, et explique à demi-mot que si le chiffre d'affaires de Canal+ diminue, c'est toute la production cinématographique Française qui tremble.

J'ai dernièrement repensé à cette affaire en voyant sur la toile - et même dans le métro, la campagne de communication autour du lancement de D8 (anciennement Direct 8). Je n'ai pas le souvenir d'avoir vu autant de promotion pour le lancement d'une chaine que pour celle-ci. 
La stratégie de Canal+ est claire; récupérer ses parts de marché dans la TNT, qu'elle a longtemps laissé à ses concurrents par le biais de leurs chaînes respectives.
Le chemin n'a pas été évident avant que le groupe Canal+ puisse racheter les deux chaînes Direct 8 et Direct Star. En effet face à cet assaut sur la TNT, TF1 et M6 n'ont pas tardé à lancé leur riposte, en faisant pression sur le CSA pour que ce rachat soit durement réglementé.
Résultat des courses, TF1 et M6 gagnent la bataille puisque D8 sera en effet très réglementée en terme de contenu. Mais Canal+ n'a pas dit son dernier mot, et sort l'artillerie lourde pour placer sa nouvelle chaîne en tête de la TNT avec un coût de grille de programmes multiplié par trois en trois ans.

Pour en revenir a cette polémique sur les dangers de la concurrence étrangère sur le groupe Canal+, il semble évident que personne ne laisserait des multinationales aussi puissantes que Google ou Apple fragiliser la production cinématographique française. Les autorités de la concurrence veillent, et la commission européenne a déjà montré qu'elle impose ses règles sur son territoire. 
Alors pourquoi Bertrand Méheut s'est t-il tellement ému de ce danger sur son groupe? Avait-il anticipé que sa demande de rachat de des deux chaînes serait mal accueillie? Voulait t-il se montrer fragilisé avant que le CSA ne lui impose ses contraintes? Ou bien, tout cela n'a t-il absolument rien à voir ?

Allez savoir...

mardi 9 octobre 2012

Les SOFICA : un vrai travail enrichissant



Venant d'un cursus de gestion de patrimoine financier, je ne pouvais pas passer à coté d'un des éléments qui m'a permis de me diriger vers la production audiovisuelle.

En seconde année de Master de gestion de patrimoine, un travail de recherche consistait à faire une étude très poussée sur un produit financier spécifique de notre choix.

En faisant des recherches sur la gestion du patrimoine artistique, j’ai découvert qu’il existait une société fonctionnant comme un fond commun de placement et qui permet une déduction d’impôts aux souscripteurs, alors que le fond effectue ses placements à destination de productions films. Je ne me serai pas intéressé d’avantage si, à l’origine, je n’avais pas un attrait quasi naturel pour le milieu de l’audiovisuel. Cinéphile de nature, je n'ai pas mis longtemps à me décider; j'avais trouvé le thème de mon devoir.

L'objectif était de réussir ce travail mais aussi d'en apprendre d'avantage sur un marché de niche dans lequel je me voyais parfaitement bien évoluer professionnellement à la suite de mes études.

J'ai aussi voulu donner une forme particulière à mes recherches. Laissant tomber les heures dans les bibliothèques, j'ai tenté de rencontrer celles et ceux qui connaissent le mieux les SOFICA. Il ne m'a pas fallu longtemps avant de trouver sur internet tous les noms des gestionnaires des quelques dix SOFICA accréditées cette année là. Après une série de mails, j'ai décroché deux entretiens. L’idée était de m’approcher d’un peu plus près de cette société pour en apprendre d’avantage et me constituer, dans le meilleur des cas, quelques contacts intéressants.

Outre ce que j'ai appris sur le fonctionnement de ces sociétés, leur historique, le mode de gestion, la notion de risque, les critères de choix des films... Ce fut avant tout des rencontres qui m'ont fait avancer sur mon choix de carrière. 
En sortant de ces entretiens, j'ai compris que ce milieu de l'audiovisuel correspondait le plus à mes aspirations. J'ai appris que ma passion pour l'industrie cinématographique pouvait s'inscrire parfaitement dans un cursus à vocation financière. Ce travail fut aussi très intéressant sur le plan technique car j'ai du préparer ces entretiens en ciblant bien mes questions. Un peu à la manière d'un journaliste qui cherche les bons mots et les questions qui fera parler un maximum son interlocuteur.

Mon devoir fut réussi mais il m'aura surtout permis d'apprendre des choses essentielles pour la suite de mon cursus.


C'est notamment à la suite de cela que j'ai entrepris d'aller passer quelques mois à l'étranger pour m'enrichir d'une expérience dans l'audiovisuel. 
C'est aussi en référence à cette expérience que j'ai postulé principalement dans des établissements de financement du cinéma pour mon alternance en MBA. 
Enfin c'est en parlant de ce devoir que j'ai montré ma motivation lors d'un entretien qui m'a valu un stage de 6 mois au sein d'une société de financement et de production.

vendredi 5 octobre 2012

Cinéma et jeux vidéo

Laissons de coté un instant l'industrie du cinéma pour s’intéresser à ses influences sur les autres médias audiovisuels, en particulier celui des jeux vidéo.
On ne compte plus aujourd'hui les adaptations ciné des jeux vidéos les plus cultes qui sortent tous les étés, à destinations des ados du monde entier( Resident Evil, Prince of persia,.Final Fantasy).
Mais intéressons nous plus précisément au cinématiques. Ces vidéos insérées à un moment précis du jeu, qui servent le scénario mis en place par les développeurs et qui sont réalisées tel un véritable court métrage d'animation.



Ils sont depuis longtemps positionnés en introduction du jeu pour situer le contexte et l'univers dans lequel va évoluer le joueur. 
C'est un forme de synopsis du scénario qui sera ensuite développée au fur et à mesure du jeu. Mais depuis quelques temps les studios qui souhaitent faire la promotion de leurs jeux vidéos lancent sur internet ces vidéos quelques semaines avant la sortie, de quoi créer un buzz.
Ces cinématiques promotionnelles prennent, en plus, la forme d'une bande annonce. Elles adoptent en effet tous leurs codes. Le but: vendre aux gamers "un film" à grand spectacle , dans lequel le joueur est le personnage principal, et où ses actions influent sur le scénario.

On devient alors "générateur de récit".
Cette expression de Jacques Attali , qui reprend la théorie de Gillermo del Toro sur l'évolution du cinéma, désigne le spectateur de demain. Un spectateur qui controle le contenue qu'il regarde.

Le spectateur ne sera plus assujetti à suivre une histoire préétablie mais pourra à sa guise défaire, reconstruire,dévier ou modeler les sequences du film. Il deviendra un "générateur de récits"
Si on sait que les jeux vidéos reprennent des séquences, et la mise en scène des films qu'ils adaptent, le cinéma reprend lui aussi de nombreux codes du jeu vidéo dans sa mise en scène. 
Par exemple, de plus en plus de films d'épouvante adoptent le style du jeu vidéo en utilisant une caméra subjective sur un personnage comme dans Cloverfeild, Rec, ou encore Blairwitch. Le spectateur suit le film à travers la caméra d'un des personnages. Dans rec il s'agit d'un caméraman qui film en reportage, dans cloverfeild c'est un jeune homme qui film un anniversaire... Le spectateur se sent alors investi dans le scénario au même titre que les autres personnages.

Le cinéma pourrait donc connaître une évolution; au même titre que l'arrivée du film parlant, il s'agit d'un film totalement interactif où le spectateur contrôle le personnage principal, le fait évoluer à travers le scénario et l'univers du film. Il peut être amené a certains moment du film de faire des choix qui détermineront la suite du scénario. Cela bouleverserait aussi la façon de faire du cinéma. Puisque l'univers créé devra être beaucoup plus vaste afin offrir une grande liberté d'action au spectateur. De plus, différents scénario devront être réalisés pour suivre les choix des spectateurs. 

Cette théorie de Guillermo del Toro et reprise par Jacques Attali pourrait bouleverser l'industrie du cinéma comme le développe ce dernier. Il estime que, alors qu'il est aujourd'hui très simple de faire sa propre musique ou son court métrage, les consoles de jeux réuniront ces médias pour que le spectateur soit aussi le réalisateur de son propre film.

Il finit par conclure que le cinéma tel qu'on le connait aujourd'hui devrait aussi continuer d'exister pour les spectateurs plus passifs qui souhaitent voyager en se plongeant dans un univers qu'on leur propose.On imagine aussi que cette nouvelle facon de vivre le cinéma s'adressera en premier lieu  à un public jeune et connecté et nouvelles technologies.
  

Si la relation entre jeux vidéos et cinéma a franchi encore une étape avec les cinématiques, on constate à la lecture de l'article de Jaques Attali que ce rapprochement n'est sans doute qu'à son commencement...
 

jeudi 4 octobre 2012

Les films français et le rêve américain : Le palmarès

Si les films Américains sont nombreux dans les salles françaises, les films français se font encore un peu rare au pays de l'Oncle Sam. Alors que Intouchables est dans les starting-blocks pour representer la France aux Oscars, je vous propose aujourd'hui un petit tour d'horizon des films français les plus populaires aux Etats-Unis.



1st : Amélie
Tous les américains peuvent se vanter d'avoir vu au moins un film français en parlant du "Fabuleux destin d'Amélie Poulain". Le succès de Jean Pierre Jenet sorti en 2001 aux Etats-Unis a attiré 5.8 M de spectateurs dans les salles outre atlantique. L'affiche est légèrement différente de celle que nous avons connu en France car si la photo d'Audrey Tautou est toujours là, le titre est simplement devenu "Amélie".


2nd : The Kiss of the Dragon
The Kiss of the Dragon (en français : le baiser mortel du Dragon) lui aussi sorti en 2001, est considéré comme un film français car la production est française. C'est en effet Luc Besson qui en est à l'origine. Ce film qui n'a de français que son producteur a attiré plus de spectateurs que les aventures d'Amélie Poulain, à savoir, 6.5M de spectateurs en salle.



3rd : The Transporter
Encore un film produit par Luc Besson et qui n'a que cela de français. Avec 6.7M de spectateurs américains, The Transpoter est le 8ème plus gros succès français aux USA.


4th: La Guerre du Feu
La Guerre du Feu de Jean- Jacques Annaud, sorti en France en 1981 puis au Etats-Unis l'année suivante, a connu là-bas un grands succès. Inspiré du roman homonyme écrit en 1911 par J. H. Rosny, ce film raconte l'histoire de trois guerriers à l'époque de l'âge de pierre qui partent à la recherche du feu, objet de convoitises et de luttes pour la survie de l'espèce. Cette production franco-canadienne a réunie plus de 7 millions de personnes aux Etats-Unis.



5th: Silent Hill
Très mal accueilli par la critique, Silent Hill est l'adaptation du réalisateur français Christophe Gans d'un jeu vidéo culte. Il a réussi à obtenir un beau succès en étant distribué au Etats-Unis où le public est très friand de ces adaptations.


6th : The Bear
Un second film de Jean Jacques Annaud se classe parmi les productions françaises les plus vues aux Etats-Unis. L'Ours, sorti en France en 1988, est également l'adaptation d'un ouvrage, The Grizzly King de James Oliver Curwood. Ce fut un grand succès en Amérique alors que la même année sont aussi distribués Camille Claudel et Cyrano de Bergerac. The Bear compte environ 8 M d'entrées.



7th : La Cage aux Folles
La Cage aux Folles est une des rares comédies populaires française a atteindre au delà de 8 M d'entrés au Etats-Unis. C'est un vrai succès puisque c'est encore aujourd'hui le film en langue française qui a eu le plus de succès aux USA. 



8th : The March of Pinguins
Le public américain est très client de film français consacrés aux animaux. Après The Bear en 1989, The March of Pinguins enregistre plus de 12 millions de spectateurs en salle en 2005. Ce documentaire de Luc Jacquet, primé aux Oscars a connu le même succès populaire en France qu'aux Etats-Unis. Et cela même si le montage et la musique est différente dans la version américaine.



9th: The Fifth Element
C'est encore Luc Besson qui réalise un des films français les plus appréciés aux Etats-Unis. Le Cinquième Elément est le grand succès de l'année 1997, mais aussi le film français qui a réalisé le plus d'entrées dans le monde. On note en effet 43M d'entrés dans le monde et presque 14 M aux Etats-Unis. Ce film de science-fiction à l'américaine mais "Made in France" a su conquérir de nombreux publics.



10th : Taken
Taken réalise un succès aussi innatendu que fracassant aux Etats-Unis avec plus de 20M d'entrées. C'est une fois de plus Luc Besson qui produit et Pierre Morel qui réalise, lui aussi français. Après ce succès en 2009, ils sortent une suite en Octobre 2012 avec les mêmes ambitions.

mardi 2 octobre 2012

Les films français et le rêve américain : l'exemple de The Artist



 On aura remarqué qu'à différentes époques, la France a su imposer son style auprès du public américain. Les films connaissant un tel succès appartiennent souvent aux même genres; film d'action à la sauce américaine (The Transporter, The Kiss of the dragon, Taken), les films ou documentaires animaliers (L'Ours, La marche de l'Empereur) ou bien des cartes postales de la France, tel qu'Amélie Poulain ou La Môme.

J'ai voulu ici m’intéresser de près aux raisons du succès de ces films qui connaissent un succès plus ou moins important dans l'hexagone mais qui déchaîne les passions aux Etats-Unis avec l'exemple de The Artist.

Oscar du meilleur film, oscar du meilleur réalisateur, oscar du meilleur acteur, golden globe de la meilleure comédie, BAFTA du meilleur film et du meilleur réalisateur,... La liste est longue des récompenses décrochées par The Artist. Et pourtant! On ne peut pas dire que le succès en France soit aussi important.
Avec ses 1.5M de spectateurs en salles, le film de Michel Hazanavicius n'a rien d'un échec commercial mais ce n'est pas non plus le succès de l'année comme l'on pourrait croire au vu de ses nombreuses récompenses.
A la suite du succès international du film, il a connu une ressortie en France, histoire de surfer sur le buzz mondial, afin glaner quelques entrées supplémentaires. Warner Bros France a utilisé sa puissance de frappe pour distribuer le film sur plus de 300 écrans pour sa seconde sortie. 
La distribution, elle, a été différente de sa première sortie puisque le film utilise une nouvelle affiche en mettant en avant les nombreuses récompenses, et bénéficie d'une couverture médiatique plus vaste que lors de sa première sortie. Et malgré tout cela, le film atteint à peine les 2M d'entrées en France. Les spectateurs sont alors emportés par la vague des Intouchables.



Dans la presse aussi le traitement a été plutôt différent. Selon moi, on comprend mieux cette différence de succès à la lecture de ce qui a été écrit sur le film de part et d'autre de l'Atlantique. En France, les critiques sont unanimes et saluent le travail d'Hazanavicius et l'audace de Thomas Langman de proposer un film muet et noir et blanc à l'heure des block-buster en 3D, de la motion capture,... Mais sur le contenu du film, les critiques français ne s'aventurent pas tellement a commenter les aventures de cet acteur de film muet dans le Hoolywood des années 20. Certains sont même lassés de revoir une énième fois les grimaces de Jean Dujardin que l'on connaît ici depuis une bonne dizaine d'années. Aux Etats-Unis en revanche, les critiques parlent davantage du sublime hommage aux film muets, un film qui allie modernité et style ancien. Ils notent aussi la mise en scène et la lumière qui replonge pleinement le spectateur dans l'ambiance des films des années 1920.

C'est à la lecture des articles que l'on comprend que le public américain et le public français n'ont pas les mêmes critères. L'Amérique apprécie The Artist car il évoque une époque Hollywood, une façon de faire du cinéma qui a été inventée en Amérique. C'est un hommage à une partie de la culture de l'entertainment. Hazanavicius recrée l'univers des années 20 et le spectateur américain se laisse totalement emporté. En France, le spectateur apprécie les films traitant d'une situation qui leur semble familière. Ici, on s'attache plus à retrouver dans les films un contexte (familial, économique, social) que l'on connaît. 
Il suffit de voir les derniers grands succès Français (Les petits Mouchoirs, les Ch'tis, Intouchables) pour constater qu'il n'est pas nécessaire de voyager très loin pour transporter le spectateur Français.